Bonjour Gérard, comment ça tu pèses 15 tonnes ?
Oui je pèse 15 tonnes de CO2 : c’est la masse de gaz carbonique que mon activité (en réalité celle de la moyenne des français) envoie dans l’atmosphère chaque année. En réalité il s’agit des quantités de gaz à effet de serre exprimées en équivalent CO2.
Oui, mais que prend on en compte ?
D’abord ce qu’on peut appeler l’empreinte « directe », c'est-à-dire la totalité des gaz à effet de serre émis dans le périmètre d’un pays. Divisé par le nombre d’habitants, on obtient ce résultat qui est bien entendu une moyenne, ne prenant pas en compte les variations dues au comportement personnel ni au mode de vie.
Pourtant ces variations existent, ne peut-on pas les prendre en compte ?
Je t’ai parlé de l’empreinte directe, il faut la compléter par une empreinte dite « de consommation » de façon à prendre en compte les importations et les exportations, ce qui donne un montant complémentaire qu’il faut ajouter ou soustraire à l’empreinte directe.
En ce qui nous concerne l’empreinte directe est de 11 tonnes par tête et l’empreinte de consommation a été estimée à 4 tonnes.
Que contient cette empreinte de consommation ?
Toutes les émissions qui ont été faites en dehors de notre pays pour produire des biens et services que nous consommerons sur notre territoire. A l’inverse il faut déduire les émissions produites dans notre pays pour les biens exportés.
Comme nous exportons des produits à forte valeur ajoutée et des services et que nous importons des biens à faible valeur ajoutée, le bilan nous est défavorable.
Y a-t’il d’autres facteurs à comptabiliser ?
Oui car aux émissions dues à la production il faut ajouter celles des transports, avec deux catégories : le fret lié aux importations et les transports aériens des voyages
As-tu une idée des empreintes d’autres pays, et quelle est la hiérarchie, quels sont les écarts ?
L’échelle va de 0,1 tonne pour un habitant du MALAWI, jusque 30 tonnes pour un australien donc une échelle de 1 à 300 !
Voici quelques autres estimations : la moyenne mondiale est de 7 tonnes, un chinois rejette 3,3 tonnes, un américain du nord 28 tonnes alors qu’un européen de l’ouest est à 15 tonnes.
Le chiffre de la Chine m’étonne, il me parait faible quand on connaît le développement de son industrie.
N’oublie pas le rôle important des mouvements import et export : l’étude (réalisée par un britannique Mike BERNERS-LEE) estime que le tiers des émissions concernent des biens à l’exportation, ce qui veut dire que l’empreinte de consommation chinoise correspond aux 2/3 des émissions produites physiquement dans le pays. C’est d’ailleurs aussi le cas d’autres pays émergents tels que l’INDE. Si on soustrait ces émissions relatives aux biens exportés il faut bien les ajouter aux émissions des pays importateurs, sans oublier le transport.
Quelle est la fiabilité de ces estimations ?
Ce n’est qu’une approche qui repose sur l’hypothèse que les rejets de CO2 seraient identiques quel que soit le lieu de production, autrement dit qu’un jean fabriqué en France et un produit en Chine ont la même empreinte. Or la productivité est plus faible (encore aujourd’hui) en Chine et surtout l’énergie est extrêmement polluante, car il s’agit essentiellement d’électricité provenant de centrales au charbon. Cela changera quand la Chine aura accompli sa mutation vers l’énergie nucléaire … mais est-ce bien la solution ?