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Aujourd'hui, vivre à la campagne, çà reste synonyme d'une meilleure qualité
de vie, peut-on encore en rêver ?
Chaque année on voit des citadins franchir le pas, mais leurs décisions résultent
de motivations très diverses.
Des passionnés de vieilles pierres et d'authenticité décident de vivre leur
passions et de concrétiser des projets, des cadres s'installent dans des villages proches de gares TGV et pratiquent le télétravail, mais ces habitants ne sont pas les plus nombreux en milieu
rural.
De nombreuses personnes âgées continuent à vivre dans leur maison familiale,
d'autres nouveaux arrivants viennent y chercher un logement moins cher ou fuir la ville …
En fait, la qualité de vie n'est pas la même partout, elle varie beaucoup selon les
contextes géographiques, économiques et sociaux.
Et qui sont les habitants ruraux aujourd'hui
?
Le monde rural, c'est 18% de la population française, et ce qu'il faut savoir, au
delà de notre vision idyllique de citadin qui s'y promène occasionnellement, c'est que l'ensemble des habitants ruraux vivent en dessous des moyennes nationales pour les revenus, pour l'emploi et
pour la qualification.
Concernant la répartition par catégories d'activités, on a 32% d'ouvriers, 27%
d'employés, 7% de cadres et professions libérales et 7% d'agriculteurs.
Quelles sont leurs contraintes majeures ?
En résumé, des besoins plus importants de déplacements, souvent en voiture, et des
difficultés d'accès à des services, qui souvent diminuent chaque jour davantage.
Parfois, il faut y ajouter des coûts de logements devenus plus élevés, sous l'effet
du résidentiel secondaire ou du tourisme vert, ou des coûts de chauffage plus importants liés à l'ancienneté de l'habitat.
Et qu'en est-il du mode de vie rural aujourd'hui
?
Souvent, on habite au village et on travaille en ville, les emplois sont plus rares
et plus fragiles, et la crise économique se fait ressentir très fort dans un monde rural déjà fragilisé et isolé.
D'une part, pour beaucoup d'agriculteurs l'avenir paraît incertain, ils deviennent
nombreux à bénéficier des minima sociaux, et d'autre part, les nouveaux arrivants ont mésestimé les coûts des déplacements en voiture, la rareté de l'emploi, les difficultés d'accès aux
services.
La pauvreté s'installe dans le monde rural, notamment les retraités (ils sont 27%
de +60 ans en milieu rural, et 21% en milieu urbain), et les jeunes sans emploi qui trouvent moins d'opportunités d'emploi ou de formation.
Et comment évolue cette pauvreté du monde rural
?
La pauvreté en milieu rural s'établit à 19%, contre 12% en milieu urbain, elle est
souvent moins visible et moins bien connue par les services sociaux, les personnes concernées sont discrètes, voire honteuses, jusqu'à taire leur situation, par ailleurs il leur est plus
difficile de solliciter des aides sociales, et il existe peu de logements sociaux en habitat rural.
La pauvreté s'installe progressivement, elle se traduit par des privations, telles
que réduction du chauffage et des soins médicaux, limitation des déplacements, et donc phénomènes d'isolement.
Alors, quelles perspectives ?
Prenons 2 exemples, la mobilité et la vie sociale de proximité, on peut faire mieux
en mutualisant davantage, en recréant du lien et de la solidarité.
Pour la mobilité, c'est le co-voiturage, pas simplement comme dépannage , le
transport collectif à la demande, et pourquoi pas l'autopartage.
Pour la vie sociale de proximité, ce sont des commerces multi-fonctions, qui
facilitent les services et les opportunités de rencontre.
Enfin, un meilleur environnement pour nous citadins, çà passe également par
reconnaître au monde rural et agricole un rôle spécifique dans notre société, c'est agir pour davantage de solidarités avec le monde rural.
Pour terminer, notons l'expérience menée dans le Parc Régional du Vexin, qui vise à
réhabiliter des bâtiments ruraux abandonnés (granges, fermes, etc) en logements sociaux locatifs à haute performance énergétique … une expérience à suivre.