Aujourd'hui tu nous proposes de voir si nos modes de vie sont en accord avec les objectifs du développement durable, aurais-tu des informations précises sur cette question ?
En fait, j'ai trouvé une étude de l'ADEME basée sur des enquêtes réalisées en 2012, et qui fait un point sur les évolutions des valeurs et des modes de vie des Français au regard du développement durable.
Après une réflexion générale sur les préoccupations actuelles et sur la vision de l'avenir dans notre société française, cette étude aborde les évolutions des modes de vie sur les thèmes suivants : la consommation, la santé, les nouvelles technologies, les mobilités et l'habitat.
A l'occasion de la semaine du développement durable, dont le thème est « consommer autrement », voyons d'abord ce qu'il en est concernant notre vision de l'avenir et les évolutions de nos modes de consommation, les autres thèmes de cette étude feront l'objet de 2 prochaines chroniques.
Alors quelle est cette vision de l'avenir et du développement durable ?
Depuis quelques années, surtout depuis la crise économique de 2008, les français se mobilisent plus difficilement sur des problématiques de long terme, on assiste à un repli sur les besoins privés au détriment des enjeux collectifs, ainsi on dédramatise parfois le réchauffement climatique.
Il est noté d'ailleurs que la France est devenue l'un des pays les plus pessimistes au monde concernant l'évolution de la situation économique, seulement 10% jugent les perspectives plutôt bonnes, contre 20% en Europe, 25% en Asie et plus de 40% en Amérique.
Face à cette crise qui dure, et aux inquiétudes qu'elle suscite, la tendance est à la fois de surmonter les difficultés et de profiter de l'instant présent plus qu'à se projeter dans un avenir qui paraît incertain.
Chacun accorde une importance prioritaire à l'emploi, au pouvoir d'achat, au logement, donc les acquis et les pratiques du développement durable se fragilisent et sont souvent conditionnés à un gain économique immédiat.
Et qu'en est-il concernant les jeunes générations ?
Les jeunes sont plus écosensibles à la fois sur les aspects économiques et écologiques, les moins de 30 ans estiment qu'il est plus difficile d'être jeune dans notre société actuelle, par ailleurs ils sont davantage convaincus de notre responsabilité sur le réchauffement climatique et sur les exigences d'adaptation, ils croient en la capacité d'agir et d'innover.
En même temps, ils sont guidés par des principes de plaisir et d'échange humain, qui deviennent des critères pour agir de manière écoresponsable.
Et quel est le bilan sur nos modes de consommation ?
La crise n'a pas mis fin à notre désir de consommation, on cherche à consommer autrement plutôt que consommer moins, on choisit des solutions écologiques si elles offrent des avantages pour le porte-monnaie et pour la santé, la demande de qualité accompagne l'appétit de consommation, on s'informe davantage (comparatifs, promos), on achète sur internet ou dans les «drive», on cherche à dépenser moins et en même temps on rêve de temps à autre de se faire plaisir.
Les pratiques écoresponsables progressent, à condition qu'elles ne soient pas contraignantes ou ne génèrent pas d'efforts financiers importants, par exemple le paiement des sacs plastiques en supermarché ou l'achat d'appareils économes en énergie sont rentrés dans les habitudes.
Nouveau phénomène, la consommation «collaborative» (partage, échange, services, etc.) progresse dans la mesure où elle combine comportements écoresponsables, échanges humains et modalités innovantes liées à internet, on y retrouve également des enjeux d'économie solidaire.
En conclusion ?
Pour être en phase avec les aspirations de notre société, il est important que le développement durable soit perçu comme attractif plutôt que contraignant, et pour cela il est intéressant de centrer davantage sur la sphère familiale plutôt que sur les générations futures en général, de mobiliser au niveau local sur des sujets qui touchent directement les gens au quotidien, et d'insister sur les capacités d'adaptation de l'être humain.
Dans leurs modes de consommation, la grande majorité des Français adoptent une «écologie à la carte», ils sont écoresponsables, d'abord quand c'est utile, innovant, pas beaucoup plus cher, quand ça facilite leur quotidien, et ensuite si cela est bénéfique pour l'environnement.
Consommer autrement, oui si c'est à la fois écoresponsable et attractif !